Loosers have an excuse, winners have a plan

C'est ce que me répète Evy Gruyaert, la dame de l'application Start to run, deux fois par semaine. Malgré son insistance, elle n'arrive pas à me convaincre.

Crois-le ou non (moi je ne le crois pas) mais je fais régulièrement des petites courses à pied dans les champs deux ou trois fois par semaine. On m'aurait annoncé ça il y a quelques mois, j'aurais pu parier un an de salaire (ok, c'est pas grand chose mais c'est une image) que ça ne se produirait jamais. J'ai commencé en novembre, donc c'est d'autant plus surprenant que j'ai persévéré, parce que j'ai dû affronter pluie, froid, vent et bouillasse à chaque sortie. Sauf hier où il faisait beau, et ça m'a presque gâché mon plaisir (pourquoi j'arrive à prévoir et comprendre si souvent les réactions des autres et pas les miennes?). 

Autre parenthèse : l'autre jour il y avait une famille pas très classe au Lidl de l'autre côté du rayon fruits et légumes où je me trouvais. Le fils (dix ans environ) demande : Papa, c'est quoi ça ? Le père : c'est de l'ail. C'est spécial.

 

T'es contente qu'on va faire une résidence d'écriture ensemble l'année prochaine à la mer ? Moi, ravie. Même si ça m'inquiète un peu.

Tu sais que j'ai de nouveaux plans pour météo++ ? Je t'en parlerais après.

 

Quand je cours, j'écoute des podcasts et : 1 son bien incrusté dans les oreilles + 1 sensation de plein air + ce que j'imagine être l'effet des endorphines, c'est juste du pur bonheur et ça vaut en plaisir mes soirées cinéma/parfum (où il s'agit de regarder un bon film en portant un bon parfum).* 

Courir comme ça dans la plaine (chez moi, ça ressemble quand même un peu au Kazakstan), c'est complètement absurde et ça donne, somme toute, un recul particulier sur ce qui se passe dans le monde.  

Dans ce monde de rêve/ je cours dans la plaine/ Solitude  

(merci Kôi)

 

Aujourd'hui, c'est le Carnaval Sauvage à Bruxelles. Dois-je y aller ou ne pas y aller ?

 

Soit j'y vais : je prends un billet de train à 10 euros (aïe), je vois des choses réjouissantes sans pouvoir les partager parce qu'il y a trop de bruit et que je ne connais personne, sauf Julien qui va être trop occupé, et j'ai peur qu'il y ait un accident avec tous ces masques et ces voitures, je me sens timide et je m'ennuie un peu MAIS peut-être que je rencontre quelqu'un, par exemple Brigitte, qui me dit qu'elle veut partager une maison perdue dans le Brabant-Wallon (haha), alors sur un coup de tête, je décide de déménager dans une communauté où je suis utile et à ma juste place, et on abolit le rapport à l'argent, on ne met plus nos enfants à l'école mais on leur apprend à faire du hacking et du fromage de brebis, puis on vit tous ensemble à l'abri de tous ceux qui pensent que l'ail c'est spécial, entre gens normaux qui veulent divorcer de la civilisation occidentale. On peut avoir du poil au pattes ou porter le tchador, comme on veut, on rigole bien et on meurt en paix, entouré d'enfants insolents.

 

Soit j'y vais pas : je range ma grange pour mettre à jour cet espace de rêve où je vais pouvoir travailler, bricoler, m'épanouir et jouer avec les enfants (plutôt que de les traiter de tous les noms parce qu'elles font du bruit et du bordel). On passe une journée constructive comme au bon vieux temps avec Peter a rêver à nos projets tout en réalisant de petites tâches domestiques, tels Charles Ingalls et sa femme (dont j'ai pas retenu le nom parce qu'elle est trop insipide) et ça risque de changer notre vie car enfin on pourra se mettre d'accord sur quoi faire avec les cadavres de voiture et par conséquent avoir un espace pour ouvrir un atelier de ferronnerie où Peter brillera par ses talents de pédagogue, et il aura des horaires normaux sans être complètement crevé, s'occupera avec plaisir des enfants et du ménage pendant que partirais à Paris faire du shopping/ je me mettrais de la crème/ je boirais des pintes avec les voisines. MAIS peut-être qu'il va faire trop froid ou pleuvoir alors je vais rester à l'intérieur et passer quelques heures sur les réseaux sociaux où je n'ai pas d'amis avant de m'apercevoir que la nuit tombe et qu'il faut penser au repas du soir.

 

A quoi ça tient un destin, tout de même...Ceci dit, ma décision est prise. Je vais à Bruxelles, ça va servir mon plan diabolique pour météo++

 

* précision, un bon parfum, c'est pas forcément le dernier Guerlain, ça peut être par exemple une eau de Cologne ancienne qui sent la térébenthine, un musc aux cheveux gras, un patchouli qui rappelle tabac à pipe, une odeur de rouge à lèvres, de la lavande fumée, un cuir à l'immortelle qui sent les dunes chaudes etc....