tourner en spirale

Un jour, j'ai écrit un poème en ton honneur, que je n'ai jamais osé publier ici.


La semaine dernière pour couronner le tout, en plus de mon plexus qui rayonnait en étoile énervée dans tout l'arrière du corps, ôtant l'huile à tous mes mouvements, un des enfants m'avait mis un doigt dans l’œil, au cours d'une bête opération domestique et sans mauvaise intention. Mais un doigt dans l’œil, le vrai, pas la paupière mais la cornée, avec l'ongle mal coupé et peut-être sale, couvert de bactéries et de monstres mignatures. S'ensuivirent deux jours et une nuit  de larmes épaisses et lentes et une vision sévèrement altérée.

Autant dire que conduire dans ces conditions, "Tintin", comme dit ma mère.

Mais j'ai été peinée jusqu'à mon trou du cul de ne pas pouvoir venir au carnaval sauvage. Un peu réconfortée tout de même par le fait que je n'étais pas la seule. Je me demande d'ailleurs ce que fait Séverine, là-bas, à Genève.


As-tu déjà réfléchi à toutes ces bactéries qui nous peuplent?

est-ce que ça ne relativiserait pas un peu la notion d'identité, tout de même?


Je tiens à éclaircir quelque chose, suite à un coup de fil avec Matthieu Dibelius.

Si gougueuliser les gens est déprimant, c'est parce que je n'apprends rien d'eux (pas parce qu'ils font plus de trucs que moi). Je glane quelques photos, parfois même de vieilles photos, des morceaux de textes. Mais rien, de l'être, rien de la sensation. Rien de la matière de ces personnes chères mais lointaines, que je n'ai parfois pas vues depuis des années.


REDITES:

Je souhaite me mettre à la danse

J'aimerais gagner plus d'argent


Le travail en sourdine que je fais depuis quelques mois (bientôt un an, je pense) est extrêmement fructifiant, bien que peu visible.

De l'extérieur on dirait que je me prélasse ou même peut-être que je me sclérose. Enfin, je n'en sais rien. De quoi j'ai l'air de l'extérieur? De quelqu'un qui ne fait plus d'art, c'est sûr. Mais je m'en bats la ouaille, comme disait Céline Décorte.

Il faut du temps secret et silencieux pour animer la masse. Un retrait du monde, un espace intime sans limite. Je vis ma retraite avec plaisir et intensité.


ZOROASTRE ou pas?

Je le dis maintenant: je crois à la terre, je crois à la communauté des êtres vivants, à la communications hors des mots. Je ne crois pas beaucoup aux mots, bien que ma vie semble témoigner du contraire (oui, Julien, je pense que je t'ai déjà dit ça et ça t'a fait bondir, mais je continue de le penser). Je crois à la lenteur, je crois aux actes, je crois à ce qui se passe de subtil entre les éléments visibles du monde. J'y crois, cela veut dire: je le vérifie. Raisonnablement.


Je suis allée voir Christine ce matin, elle m'a remise d'aplomb. Ou plutôt elle m'a remis de l'air entre les attaches, entre les bras et le torse et même plus précisément entre chaque os et son voisin os. Dans les tissus, même. Ses mains froides au début ont fini brûlantes sur mon crâne. Monde-crâne est du passé, hourra! À force de travail, j'ai maintenant une bonne sensation de mon corps. C'est tout un monde qui s'ouvre. Des os que je ne soupçonnais pas se mettent à me parler. Je peux les toucher de l'intérieur, même - par l'imaginaire et la visualisation. C'est une dimension de ma vie absolument importante, de premier plan. Jamais je ne reviendrai en arrière.


Je voudrais planter des roses trémières devant le cabanon que j'aurais repeint d'une couleur vive. Rose, par exemple. Je ne suis pas sûre que R soit d'accord. Mais E, oui.


Ai-je pensé à toi quand mon camélia couleur PQ a fleuri?

Oui. Mais ouf, je l'aime toujours, même avec cette évocation un peu merdeuse. D'autant plus, même!