Rester sur la scène comme une machine d'amour*

J'ai un drôle de pouvoir dans les mains. Une sorte d'adresse inversée.

Quand j'ai voulu allumer le feu la porte de l'insert s'est cassée (un gond en métal, c'est pas facile à réparer avec de la ficelle ou du sandow, ça).

Quand j'ai voulu fermer la porte de la salle de bain, elle s'est carrément SORTIE de son coulissoir (tu vois un peu comment elle est gaulée - bon, j'ai mis un rideau à la place, bonjour l'intimité).

Ensuite, j'ai pris la voiture pour aller au parc du Héron, réserve naturelle : elle n'a plus de freins.

 

EXPÉRIENCE PHILOSOPHIQUE (c'est vrai qu'on oublie trop souvent de dire à quel point la philo est une expérience):

Comme dit James Brown: stay on the scene, like a lovin' machine.

La scène, maintenant, c'est la scène de soi-même. Rester sur la scène de soi-même comme une machine d'amour. Tenir le cap de soi, ce soi qui n'existe peut-être même pas, ce soi qui change et qui varie, tenir avec le réel, le réel tellement réel, son enchaînement de petits instants, sa médiocrité universelle (je dis médiocrité au sens de "ce qui reste dans le milieu"), son absence totale de superbe, d'éclat, le manque cruel de public dans la vie de tous les jours, rien que soi, sur sa scène d'amour, et tenir ça, ce soi, cette solitude, cet enchaînement d'instants imprimés dans le corps. Tenir sans sans argent, sans sexe et sans drogues, sans idées géniales et sans futur prometteur, tenir ça quand même, pour voir où ça mène tout en se disant que ça ne mène peut-être nulle part.

 

Je pense à Jésus dans son grand désert.

Je pense à toi dans ta voiture, avec le livre et le tarama.

 

Bientôt Nowruz.

Hier, on a mangé dehors. C'est pas Nowruz qui s'annonce, ça?