Un an

Voilà, le camélia de mon jardin est fleuri et je peux me fier à ce cycle de saisons pour dire que ça fait un peu plus d'un an qu'on s'écrit toi et moi par la météo.

Un an qui m'a paru très court (en ressenti), mais qui semble être une éternité si je consulte mes souvenirs.

Nom de nom, tout ce qui s'est passé.

Il y a un an j'étais incontex stablement beaucoup plus jeune. Salement beaucoup plus jeune.

Me voilà passée à l'âge adulte. Non sans peine.

Et pourtant comme me le faisais remarquer mon bonhomme hier, y'a cette marque de l'enfance qui reste en moi comme une patte d'ours fossilisée dans la boue préhistorique.

J'ai une chose à dire: j'attends beaucoup trop de la vie, je ne suis qu'orgueil et impatience.


Météo pure et dure.

Pura y dura.

NIEBLA!


Tu verrais ici le brouillard qui colle au ciel, on y voit pas à cinquante mètres.

Ça suffit amplement à faire mon bonheur, cette ambiance médiévale de ciel blanc, de boue et de briques rouges. À propos: ça n'est que depuis pas longtemps qu'on considère que le vert est une sorte de contraire pour le rouge, le bleu pour le orange, le violet pour le jaune. AVANT, c'était rouge, blanc et noir, les oppositions fortes. Nombreux blasons de gueules. Et le blanc comme le noir étaient des couleurs. Il n'était pas, alors, question de primaires.La plus instable, c'était le vert. Et le rouge, l'ocre, dans les grottes, c'est depuis toujours.


Ciel blanc, boue noire, briques rouges: comme ici ce matin.

Avec les humains qui passent courbés les uns à proximité des autres presque sans se voir. Personne n'en peut plus de l'hiver. Hier on aurait presque dit un printemps et aujourd'hui ce froid et ce brouillard collant. Sur le chemin de Mont-à-Camp, on longe un petit bois de bouleaux, avec une ruine de maison et des ruines de campements, dans le secteur de Délivrance, juste à côté des rails. Ils avaient dit que les trains ne circuleraient plus et pourtant je les entends encore klaxonner presque chaque jour.

Tant mieux.

On se croirait revenu au temps des Hobos. Les rails, les trains de marchandises qui enfilent jusqu'à quarante wagons, les couvertures sales pendues aux arbres, les débris de bouteilles jetés sur le sol et dans des caddies défoncés. Et le panneau avec une flèche "appartements décorés", qui pointe vers ces ruines.

Sur le parking à côté du groupe scolaire, ils ont posé un algéco, c'est un "espace de vente". C'est en fait là que tu peux venir acheter un appartement décoré, devenir si facilement propriétaire. Drôle de monde, hein.