In quiétus

Alice je suis inquiète,

Mais vraiment inquiète,

Autour de moi, même les personnes plus inattendues, ont des choses à reprocher aux étranger(e)s, que ceux-ci soient roumain(e)s ou voilé(e)s. Des gens que je considère presque comme des amis, en train de devenir des amis (et j'espère que c'est pas ce qu'ils disent qui va m'empêcher de les aimer). Je suis interloquée, je m'y attendais pas. Pourquoi tous ces discours GÉNÉRAUX? Pourquoi ne regarde-t-on pas la magistrale poutre qui se plante et se replante dans notre œil de cyclope? Pourquoi ne voit-on pas que nous faisons tous partie du même monde? Il n'y a qu'un seul monde! Pourquoi ne voyons-nous pas le lien DIRECT entre nous et le premier immigré que nous croisons dans la rue? C'est le même système! L'exploitation de la terre et de l'homme par l'homme. Le lien direct entre nous et la première femme voilée que nous côtoyons? Pourquoi considère-t-on que la laïcité est un état de progrès sur la religiosité? Je frissonne, j'ai froid dedans, un froid terrible. Je ne dis pas qu'il faut fermer les yeux sur l'oppression quand elle existe, mais, enfin. 2015, je m'adresse à toi, pourquoi tant de peurs? Pourquoi tant de repli, tant de rejet? Pourquoi j'entends les phrases terribles que j'entends?

Alors j'ai juste envie de citer ce que j'ai lu il y a pas longtemps, pour contrebalancer et pour mettre les pieds dans le plat, tant cette question remue les cœurs de tout le monde, semble-t-il :

Dans les années 60, les femmes se voilaient le visage avec leurs cheveux. Elles les laissaient pousser très longs, les repassaient et les portaient en quelque sorte comme un rideau, comme si leur chevelure pouvait les protéger, mettre leur personne fragile à l'abri dans un monde où tout était à nu. Nous connaissons toutes la danse des voiles au Moyen-Orient, et, bien sûr, le voile que portent les femmes musulmanes. Les babouchkas d'Europe de l'Est, les trajes d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud sont aussi des vestiges du voile. Les Indiennes et certaines Africaines portent naturellement le voile. En regardant autour de moi, je n'ai pu m'empêcher de regretter un peu que les femmes modernes n'aient pas de voiles à porter. Car être une femme libre et pouvoir porter le voile quand on le désire, c'est détenir le pouvoir de la Femme Mystérieuse. Apercevoir une telle femme voilée est une expérience forte (...) Certains disent que le voile, c'est l'hymen, d'autres que c'est l'illusion. Ni les uns ni les autres n'ont tort. Mais il y a plus. Il est amusant de constater que si le voile a été utilisé pour dissimuler la beauté de la femme aux regards concupiscents, il fait aussi partie de la panoplie de la femme fatale. Porter un voile d'un certain style, à un certain moment, avec un certain amant, d'une certaine manière, c'est exsuder un érotisme torride qui coupe littéralement le souffle. En psychologie féminine, le voile est  symbolique de la capacité qu'ont les femmes d'être, en présence ou en essence, ce qu'elles veulent.