Jaune paille pour le repos

Corail pour la force. Force et repos pour passer l'hiver, pour se laisser recouvrir de feuilles fraiches, pour se laisser ensevelir sous les feuilles craquantes, vertes quand elles viennent de tomber, puis brunes et en couches épaisses à mesure que la saison humide avance. Rouge corail pour passer plusieurs mois dessous, sous le lit de feuilles, en compagnie des insectes, pour voir avec des yeux de taupe le sol au repos, pour entendre avec des oreilles de roche ou de terre le crissement permanent des vers qui retournent l'humus, pour sentir tout le long du corps la décomposition des feuilles en fragments de plus en plus petits, au goût d'eau, de sable, de moisissures, pour rester allongée sur le sol humide, sur le sol froid, inactive mais consciente, en serrant dans la main les trois petits brins de laine.

 

Ou bien au contraire: force inversée. Pendant que la terre se repose et se recrée, tout au long de la saison froide humide, commencer, avec toutes les forces, à agir. Se ramasser.


Après tout n'est-ce pas l'un et l'autre la même chose?