Portrait de femme en coyote

Je pénetre à petit pas dans la plaine que les humains ont abandonnée. Je ne crains pas les hommes, mais je préfère quand ils ne sont pas là. Devant moi, le champ est libre, je prends le galop, c'est le crépuscule. Au creux de la vallée coule une petite rivière, je la longe à toute vitesse, les herbes frôlent mes pattes, les graminées cinglent mon museau et ça m'amuse. Je suis une bombe que rien ne peux arrêter. J'ai envie de jouer, je bondis et je sautille, je fais des cabrioles. Je suis maitre du territoire et je le parcours à mon ryhtme, tantôt au pas de course, tantôt le nez au sol, au gré des opportunités. Je chasse, c'est mon occupation. Je croque tout ce qui bouge. Parfois je cours juste parce que j'aime ça, et si quelque chose bouge je le saisis au passage. Parfois je préfère l'affût, je me contente d'écouter et de sentir, je contemple olfactivement. Je suis sage et bienveillante, mais parfois non, et je m'enfuis, ou je mors. Je m'en fous, je suis coyote, je fais ce que je veux, je suis rusée. Souple et rapide, personne ne peux m'avoir. Je tiens à ma peau, et sous ma fourrure couleur de terre, je peux avancer masquée, camouflée, sans qu'on me repère. Je peux être discrète mais quand je ne veux plus l'être, je pisse, et on me sent à des kilomètres.
Le jour je dors, je reste avec les miens. On se lèche et on se tient chaud, on se renifle.
On ne se regarde pas. Parfois, je plisse mes yeux jaunes, je perçois des changement de lumière, le soleil rasant, ou l'avant orage, mais c'est égal. J'aime mieux la nuit. La nuit, on hurle.