Toussaint

Ouh ça, moi aussi j'ai des cafards qui remontent. Belle trouvaille, les cafards.

Ma voisine Pascaline, elle appelle ça pester.

Peste, peste, peste, vérole...tu connais la chanson, (toi aussi tu bricoles de temps en temps)


Je trouve que cette année la Toussaint est drôlement bien mise en scène. Après ce beau week-end d'été indien -on a vu des tas d'étoiles filantes en fumant sur le parking- on a droit sans transition au plus pur temps de Toussaint. Les averses glacées, on a mis le chauffage, je retrouve pantoufles et robe de chambre. Des feuilles mortes, vraiment mortes, toutes pourrissantes s'invitent à la maison. Les couleurs s'éteignent les unes après les autres, le bleu, puis le mauve; il restera juste un peu de rouge, de vert, et le jaune, par-ci par-là, tout dilués. Ah, si! de l'orange! Le Calendula, la fleur des calendes, elle tient le coup même sous la neige.

Marie, c'est l'automne, les corbeaux s'acharnent sur les labours et les champs sont déjà tous bruns, c'est triste.

Mes rêves aussi s'éteignent, comme tu dis, la cathédrale de cristal, les morceaux de ce que je voulais être qui pourrissent, que je dois abandonner. Je me prépare à le faire mais c'est dur, par quoi cela sera -t-il remplacé? Et si je devenais toute vide?
Je pense à Fabienne qui appelle "le réel" tout ce qui est chiant. L'automne, c'est le réel. Une peau de banane, c'est le réel. Des bouts de personnes échoués, des cathédrales effondrées, c'est le réel.

Quand le cow-boy disparaît de l'histoire, qui fait son entrée?