Heureux de se rincer le visage

Je vois trois cornichons alignés dans le contrejour.


Il fait frais, presque froid. J'amène Ella à l'école en marchant d'un bon pas, pour nous réchauffer.


Je marche dans une prairie constellée de rosée, le matin tôt, avec des bottes et divers appareils de mesure et divers appareils d'observation rangés dans une sacoche. Dans cette solitude je ne suis pas seule :  il y a les arbres, les insectes, quelques grands animaux rescapés de l'ère industrielle, une multitude de petites plantes d'interstices. Dans ce silence, il y a tous les sons.


Je tire les choses dans un sens. Donner aux autres ce qu'on m'a donné pendant toutes ces années. Continuer d'apprendre toujours. 


Je suis dans un grand atelier, à une table. Autour de moi il y a des mots découpés, des matériaux précieux à mes yeux, fragiles, délicats, solides, mous, tendres, fins, mats et brillants. Mes mains sont traversées par des fils de lumière. Elles posent des petits bâtiments sur un ruisseau limpide, que je dois chérir.