Retour météo

La route n'était pas plus longue que d'habitude. Blootland et vent et bêtes de somme certainement bourrées d'anibiotiques. Quelques voitures collant au cul, doublant rageusement dès que cessaient les virages. Les trois autres passagers endormis. À l'arrivée il y a ce vent encore, qui donne froid. Pour manger je reste tapie dans mon k-way.

L'eau face à nous n'est pas l'étendue infinie de mon désir. Je sais qu'en face, il y a la côte anglaise, je sais que l'eau est brune, je pense que le fond est haut. À droite j'aperçois la frontière:  du sable continu, quelques dunes basses, des herbes couchées et plus loin des immeubles. Humanité à touche touche. À gauche, la zone Seveso. Dans le lointain se découpe le complexe industrialo-portuaire. Chimie côtière, panaches de fumées noires, cheminées à contrejour - voilà pour ce qui est vu.

Dans mon maillot bleu piscine j'ai couru dans les vagues froides. L'eau fouettait les sangs et je me suis surprise à croire de tout mon corps à une certaine proximité avec le monde sauvage. L'eau et moi, le ciel au-dessus. Priant partiellement pour que les courants emportent de l'autre côté les flux chimiques que l'usine expulsait très probablement dans l'eau : un courant invisible de merde. Poissons morts, pêchés, intoxiqués. 

Cet été chez mes beaux parents j'ai lu un Télérama. J'ai parcouru l'article qui parlait de cet immense continent de plastique à la dérive au milieu des océans. Savoir ça fabrique un trou à l'intérieur de moi. 

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