L'histoire de Manuchehr

Deuxième épisode

Les quatres 4x4 s'était retrouvés à l'endroit prévu. Manuchehr, directeur artistique, conduisait les plus riches. Morteza, le dj conduisait les plus branchés, et les deux autres véhicules étaient pilotés par le régisseur (le dealer) et un danseur qui finissait ses études de médecine. Comme à chaque fois, les passagers s'étaient vu proposer avant le départ, un apéritif alcoolisé accompagné de pilules, pour commencer le voyage en douceur et agrémenter les longues heures de route, sur une musique électro mélodieuse et pas encore trop folle. Bien que les passagers ne fussent pas hagards, les arrêts étaient planifiés et les tenanciers de restoroute se tenaient prêts à accueillir ces hôtes de marque en toute discrétion. Les clients étaient absents, et à leur arrivée, le thé était servi, accompagné d'une petite collation. La dernière étape avant les trois heures de désert était la plus longue et la plus généreuse. On y servait encore un peu d'alcool et le convoi repartait avec thé et victuailles.

A l'arrivée, tout le monde s'affairait à déplier une sorte de dais, comme un petit chapiteau ouvert, pour bouger un peu et se dégourdir les jambes. On montait ensuite quelques tentes sous ce chapiteau. Le feu était allumé, le samovar mis en route. Ils mangeaient des grillades et quand la nuit tombait, on amplifiait la musique et la prise de drogues. Aucune trace de spiritualité dans ce regroupement : ces jeunes hommes étaient là pour se défouler et s'amuser, tranquilles, au milieu de nulle part. Aux heures chaudes de la journée la plupart des fêtards dormaient sous les tentes pendant que la musique continuait à jouer. Les organisateurs avaient leurs quarts, ils n'abusaient pas des drogues et devaient se tenir prêts à réagir, ils se partageaient équitablement sommeil et amusement.

Alors qu'il dormait depuis deux heures, Manuchehr se fit réveiller pour prendre son tour de garde. Il se sentait reposé et ne sentait plus les effets de la MDMA. Tout le monde dormait, il s'eloigna un peu, approchant les quelques rochers qui servaient de toilettes, il les franchit et se dirigea vers d'autres rochers afin d'être sur qu'il serait le premier à utiliser l'endroit. Par une fente, il apperçu à l'arrière de son petit monticule, à quelques centaines de mètres, un 4x4 stationné.