Vision du corps futur

17 mai

 

Il y a quelques semaines j'étais particulièrement fatiguée. Un soir à la sortie du bain j'ai entrevu dans la pénombre mon corps de vieille femme. La peau qui pend sur le ventre après deux grossesses un peu tardives, les fesses qui retombent sur mes jambes torses, les seins déformés par deux longs allaitements, la maigreur, accentuée par endroits - au thorax, aux joues - et puis les orbites creuses des yeux, les rides qui aparaissent  comme autant de sillons témoignant de ma vie passée et de mes tendances au rire, à la tristesse ou à l'amertume. J'aime bien ce corps là, j'y trouve curieusement une certaine douceur. Je crois qu'en vieillissant j'ai perdu quelque chose que je pourrais appeler le fascisme envers moi-même.