Météo moins moins

20 mai

 

Dégradation rapide du temps dans l'après midi sur toute la façade ouest. À 9h10 les nuages menacent  la côte atlantique, la pluie et les orages atteignent le Nord en fin de journée (16h20), avec un refroidissement substanciel des températures.

21h37: 

Martèlement des gouttes sur toutes les surfaces.

Ciel gris clair voire gris foncé.

Calme s'adressant au hara.

Hier soir déjà j'ai senti le temps changer. J'aime particulièrement, le soir, sentir le temps changer. Humer l'air, regarder le ciel, sentir quelque chose. Sentir quelque chose qui se passe: à peine perceptible.

 

C'est mon tour de fréquenter les bureaux lugubres.

Au deuxième étage du numéro 54 l'homme me reçoit dans une pièce grise, aux revêtements vieilis. Le bureau est aussi vide qu'impersonnel, les étagères parcimonieusement garnies : stocks clairsemés de prospectus, feuilles volantes aux couleurs laborieusement assorties, mal imprimées mais soigneusement pliées. Pour l'accueil, on a imaginé qu'une table ronde serait plus chaleureuse qu'une table rectangulaire. On s'est dit que cette table ronde mettrait à l'aise la personne qui entre et s'assoit là, face à l'homme - lui-même faisant face à son ordinateur rectangulaire. Le bureau est bordé, sur ma droite, par une cloison coulissante. Qui nous entend à côté?

 

Sentir le temps changer, exercer tel ou tel métier, avoir le bas-ventre qui réagit aux martèlement des gouttes de pluie sur une surface: comment veux tu que je pense avoir une prise sur mon propre destin? Pourquoi, après tout, cette dégradation du temps ne serait-elle pas la seule responsable de mon calme, de mon désarroi, de ma fierté, de ma fatigue? Qui dit que c'est ce dont je suis consciente qui provoque ce que je sens, ce que je vis? Et si tout, au contraire, m'échappait? Et si j'étais constamment modifiée par mon environnement, qu'il soit subtil (comme les gouttes) ou plus trivial (comme le bureau gris)?