Jugements

18 mai au soir

 

Un florilège de ce que j'ai entendu aujourd'hui:

 

Une femme du village:

- dans six mois, je suis pensionnée, je vais enfin pouvoir réaliser ce dont je rêve depuis des années, faire de l'aquarelle pour avoir un prétexte pour contempler les cieux pendant des heures...Le soleil, les nuages, la lumière avant l'orage...regarder les couleurs, sentir le vent... Je n'ai jamais rien fait de mes dix doigts mais je voudrais essayer.

L'artiste:

- Vous devrier plutôt essayer autre chose. La cuisine. L'art culinaire c'est aussi un art.

 

Le propriétaire:

- Vous connaissez Julien? Ah, c'est un homme que j'aime beaucoup, c'est une crème.

L'artiste:

- En général, quand on dit que c'est une crème, c'est que la personne manque de personnalité.

 

Le propriétaire:

- Ces gens sont extraordinaires, très généreux. Ils vont servir la soupe à la gare du midi, plusieurs fois par semaine, pour les pauvres.

L'artiste:

- Oui, imaginez qu'il y a des pauvres qui n'aiment pas ce qui est servi. Ils demandent si il n'y a rien d'autre.

 

Je dis:

- c'est une commune* où ils voulaient faire quelque chose contre le sexisme...

La visiteuse inconnue:

- Ah oui, c'est évident, il n'y a que des arabes!

 

 

 

Nous étions des gens charmants, polis, cultivés, à badiner autour de dessins et de peintures. Dans une belle maison au jardin bien entretenu. A estimer ceci, penser cela, trouver ça moins bien que ça, mais quand même mieux qu'autre chose. Nous disions que c'était bien parce qu'il y a eu au moins deux cent visiteurs, et que l'exposition était bien organisée. Nous trouvions ça merveilleux qu'autant de flamands se soient déplacés.Nous étions contents d'avoir pris la peine de les accueillir en flamand car il apprécient vraiment.

 

Antonin Potoski dit que ce qu'il aime dans l'Islam, c'est le non-dit, et la pudeur. Moi aussi. Je suis triste d'appartenir à notre culture de winners. Je suis triste de juger ce vieil homme, militaire devenu aquarelliste. J'ai du respect pour lui parce qu'il est mon ainé mais je ne peux pas m'empêcher de me demander ce qu'il faisait pendant la guerre.

Je suis horrifiée par ma façon de penser.

Presque autant que par le succès de sa peinture.

 

 

 

 

*cette commune extraordinaire héberge plus d'une centaine de nationnalités sur seulement 1km2